Licence creative commons: choisissez la licence qui vous va bien [ Tutoriel dessiné ]
Comment choisir la licence creative commons qui nous convient? Pourquoi partagerions nous notre travail sous une licence libre autorisant les autres à le réutiliser puisque nous y avons passé du temps?
đŽ On vous livre nos rĂ©flexions personnelles Ă ce sujet et nos “pĂ©pites” pour bien choisir une licence creative commons.
Ce tutoriel dessinĂ© a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© dans le cadre d’une contribution bĂ©nĂ©vole au MOOC Gouvernance PartagĂ©e (Colibris, UniversitĂ© du Nous).
Ăcriture du script & narration: Thomas Wolff

Facilitation graphique: Julie Boiveau

Le texte “Choisir sa licence Creative Commons”
Lorsquâon parle de gouvernance, on pense souvent Ă la gouvernance en Ă©quipe ou en organisation. Mais la gouvernance peut aller beaucoup plus loin. Et câest ce que nous allons explorer Ă travers cette vidĂ©o.
Les belles idées dont les recettes sont cachées aux yeux du monde
Le premier cas que jâaimerai vous soumettre, câest celui dâune belle idĂ©e bien sous contrĂŽle.
Sven est un porteur de projet de 32 ans. Il a conçu une machine fixĂ©e Ă lâarriĂšre des bateaux de plaisance qui permet de rĂ©cupĂ©rer les polluants dans les ports maritimes. VoilĂ 2 ans que son projet marche bien, trĂšs bien mĂȘme, les commandes affluent.
La raison dâĂȘtre de lâentreprise â quâil affiche partout â câest « dĂ©polluer les ocĂ©ans ».
Sven a décidé de ne pas partager les plans de sa machine. Il décidé de verrouiller son idée aux yeux du monde.
Pourtant on pourrait se dire : Sven pourrait partager son idĂ©e pour quâelle se propage et puisse ĂȘtre rĂ©utilisĂ©e par dâautres porteurs de projets, par exemple pour dĂ©polluer les riviĂšres ? Il a une vocation environnementale, alors pourquoi ne partage t-il pas son idĂ©e au monde?
Au dĂ©but je me disais que c’Ă©tait principalement pour des raisons Ă©conomiques. Puis je me suis rendu compte quâil y avait de nombreux autres avantages Ă cela.
Parmi elles, lorsque vous verrouillez une idĂ©e remarquable, vous bĂ©nĂ©ficiez dâun nouveau rĂŽle : celui de REFERENT, de FONDATEUR. Et vous ĂȘtes reconnu comme tel. Vous POSSEDEZ la vision, et vous ĂȘtes le seul. Et ça fonctionne aussi en Ă©quipe.
Les belles idées dont les recettes sont accessibles au monde. Libertés et responsabilités.
Le deuxiĂšme cas que jâaimerai vous soumettre, câest un porteur de projet qui a pensĂ© son idĂ©e pour quâelle ait une chance dâavoir de lâimpact
Daniel Ă quant Ă lui Ă inventĂ© une Ă©olienne qui coĂ»te 30âŹ, Ă partir de matĂ©riaux de rĂ©cupĂ©ration. Je vais vous montrer sur mon ordinateur.
Daniel a rĂ©alisĂ© un tutoriel pour que le plus grand nombre puisse sâen inspirer et rĂ©utiliser son idĂ©e. Dans l’idĂ©e que son idĂ©e puisse se propager il a conçu un tutoriel.
Le voici par exemple en anglais. Vous pourriez aussi le trouver en français.
Et pour que sont idĂ©e puisse ĂȘtre vue, Daniel a parlĂ© de sa conception sur diffĂ©rents sites, dont sur http://instructables.com ou sur http://poc21.org.
Mais le plus important ce n’est pas ça.
Le plus important Ă mon avis c’est le petit logo lĂ . C’est parce que ce petit logo – Creative Commons – est lĂ , que Daniel a autorisĂ© tout un tas de monde – au niveau international – Ă rĂ©utiliser son idĂ©e.
Enrichir ses droits avec une licence creative commons
Ce miracle, câest celui de la gouvernance des donnĂ©es. Daniel lui, ce quâil veut, sâest que son idĂ©e se propage. Et il sait que de base, en France, toutes vos publications â papiers ou numĂ©riques â sont soumises au droit dâauteur que lâon pourrait nommer « copyright ». Il est interdit Ă quiconque de rĂ©utiliser vos documents. Juridiquement parlant.
Daniel a envie que son idĂ©e soit utile et donc quâelle puisse ĂȘtre rĂ©utilisĂ©e.
Câest pourquoi il a dĂ©cidĂ© dâenrichir ses droits d’auteur en publiant son tutoriel sous une licence creative commons. Câest cette licence creative commons qui fixe au niveau international les libertĂ©s et les devoirs de toutes celles et ceux qui vont rĂ©utiliser le tutoriel de Daniel. Câest le petit logo que vous avez prĂ©cĂ©demment vu.
Avec cette licence creative commons, Daniel dit Ă tout individu au niveau international:
– qui que vous soyez, vous avez le droit de rĂ©utiliser mon tutoriel
– et mĂȘme plus fort, vous avez le droit de construire des Ă©oliennes
– et mĂȘme plus fort, vous avez le droit de rĂ©adapter mes plans. Si vous avez envie de construire des Ă©oliennes diffĂ©rentes des miennes faites vous plez’.
ĂĂ câest les libertĂ©s.
Maintenant les devoirs. Daniel dit aussi « qui que vous soyez, si vous rĂ©utilisez une partie ou lâintĂ©gralitĂ© de mon tutoriel, vous ĂȘtes dans lâobligation de me citer ».
Une licence creative commons, câest des libertĂ©s et des devoirs pour celles qui vont rĂ©utiliser vos documents. Et c’est vous qui les choisissez ces libertĂ©s et ces devoirs.
Favoriser un monde … diffĂ©rent
Pour en revenir Ă Daniel, ce qui sâest passĂ© pour lui câest que son idĂ©e sâest dissĂ©minĂ©e partout en Europe. De nombreux individus et dâĂ©quipes de nationalitĂ©s diffĂ©rentes ont rĂ©utilisĂ© et rĂ©adaptĂ© lâidĂ©e de Daniel. Le nom de Daniel voyage.
Aujourdâhui, Daniel passe beaucoup de temps Ă amĂ©liorer sa conception et Ă animer des formations. Et oui : si vous partagez un tutoriel sur comment fabriquer une Ă©olienne, on va vous demander des formations. Ce nâest pas parce que des lecteurs sont exposĂ©s Ă un tutoriel quâil vont le comprendre. En partageant un tutoriel, Daniel nous a offert la libertĂ© dâaller plus loin et dâapprendre par nous mĂȘme. Et parfois nous aimons bien apprendre au contact de celles et ceux qui ont parcouru le chemin. DâoĂč lâactivitĂ© de formation de Daniel.
Autre effet secondaire, vu que lâidĂ©e de Daniel sâest propagĂ©e, dâautres porteurs de projets viennent maintenant proposer lui des amĂ©liorations de ses plans initiaux.
Alors, comment est-ce quâon choisit les droits et les libertĂ©s quâon offre au monde ?
Câest une dĂ©cision particuliĂšre car câest une dĂ©monstration dâouverture sur le monde. LĂ je suis sur le site de Creativecommons.org. Creative Commons propose diffĂ©rents niveaux de licence creative commons.
Comment ça marche ? Vous placez le logo de la licence qui vous convient sur votre document. Et câest suffisant. De base toute personne qui rĂ©utilisera votre document sera dans lâobligation de vous citer. Ca câest facile.
Le plus difficile câest de clarifier votre posture sur la libertĂ© que vous offrez Ă dâautres.
La premiĂšre question câest : est-ce que vous autorisez que dâautres personnes puissent rĂ©adapter votre travail, votre document Ă leur contexte. Et ceci sans vous demander lâautorisation, sans partenariat ? Est-ce que jâautorise dâautres Ă rĂ©adapter les plans initiaux de mon Ă©olienne Ă 30âŹ?
Oui / Non, Ă lâidentique / Oui, sous une licence creative commons Ă©quivalente. Celui lĂ est intĂ©ressant. Quiconque utilise une partie ou lâintĂ©gralitĂ© de votre document doit Ă son tour le publier sous une licence creative commons. Et ainsi, la connaissance commune sâenrichit.
DeuxiĂšme question : est-ce que jâautorise la rĂ©utilisation du document Ă vocation commerciale ? Genre si je suis sous un statut associatif et que je conçois une Ă©olienne, est-ce que jâautorise les coopĂ©ratives Ă rĂ©utiliser mes plans pour enrichir leurs Ă©oliennes ? Question intĂ©ressante : lâutilitĂ© est-elle liĂ©e Ă lâaspect financier ? Y a t-il dâun cĂŽtĂ© le non lucratif et de lâautre cĂŽtĂ© le lucratif?
Une fois que votre choix est fait, mentionnez sur votre document ou site la mention de la licence creative commons. Et voila, câest fait !
Accepter que nos conceptions puissent aller au delĂ de nous mĂȘme
Daniel, en publiant son invention sous une licence creative commons, a parié sur sa réutilisation au-delà de lui, sur les liens humains, la formation.
Sven â et sa machine a dĂ©polluer les ocĂ©ans â a misĂ© sur ⊠Et bien justement, sur quoi a t-il misé ? Il paye 5000âŹÂ par an de brevet, fait une veille de la concurrence, et tant de ports sont toujours polluĂ©s. Il en a dĂ©polluĂ© quoi, 3 ports ? Comment en aurait-il dĂ©polluĂ© sâil avait distribuĂ© ses plans sous licence libre ? Et mĂȘme au niveau Ă©conomique, ce nâest pas du tout dit quâil aurait moins gagnĂ©.
La gouvernance dont je vous parle avec lâexemple de Daniel, câest celle qui est pensĂ©e pour avoir une chance dâĂȘtre utile.
Câest celle dâune Ă©quipe qui a initiĂ© la technologie wiki. Aujourdâhui vous avez wikipedia, des wiki sur la cuisine, la botanique, la couture, ⊠heureusement quâils ont publiĂ© la technologie sous une licence libre qui autorise dâautres Ă la rĂ©utiliser.
Câest la gouvernance de Firefox, de Framasoft. Câest celui de multibao.org, du rĂ©seau francophone de la botanique Tela Botanica.
Celle la gouvernance qui permet Ă vos conceptions dâaller au-delĂ de vous et de vos Ă©quipes. Câest celle qui fait que mĂȘme si vous mourez, et mĂȘme si arrĂȘtez votre projet, dâautres auront la chance de pouvoir le rĂ©utiliser.
Câest la gouvernance de toutes celles et ceux qui acceptent que leurs conceptions puissent aller au-delĂ dâeux.
Un monde verrouillé ? Un monde à notre image ? Ou un monde qui peut aller ailleurs?
Vous connaissez sûrement le dicton :
Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. En fait pour aller plus loin le monde il devrait ĂȘtre capable d’aller ailleurs.
Quand tu verrouilles ton idĂ©e, aussi belle soit-elle, le monde il va pas aller ailleurs. En tout cas tu vas pas l’aider Ă le faire.
Quand tu es du domaine – je ne sais pas moi – du domaine de l’Ă©ducation populaire. Tu as des ressources pĂ©dagogiques Ă partager. Et tu dis: mes ressources pĂ©dagogiques, c’est que pour les gens lĂ autour de moi de l’Ă©ducation populaire. Et bien tu vas pas aider le monde Ă aller ailleurs, tu favorises des gens qui te ressemblent, tu es en train de favoriser un monde Ă ton image sĂ»rement.
Mais quand tu as des enfants qui se promĂšnent sur le web, et qu’ils construisent des drones sous-marins pour des Aires Marines Ăducatives, ils les ont fabriquĂ© Ă partir de plans de drones volants, ils ont trouvĂ© les plans sur internet. Ils Ă©taient sous licence creativecommons.
Lorsque tu as des Ă©oliennes qui se propagent et qu’il y en a plein de modĂšles, c’Ă©tait des plans qui Ă©taient sous licence creative commons.
Lorsque t’as un Ă©diteur collaboratif qui se propage, comme par exemple les framapad de Framasoft, ces Ă©diteurs collaboratifs tu les retrouve jusque dans les services de l’Ă©tat – ils ont rĂ©adaptĂ© le code.
Ăa c’est des licences libres. C’est un choix de posture que tu acceptes que les choses peuvent ĂȘtre rĂ©utilisĂ©es – et donc utiles – au delĂ de ce que toi tu es capable d’imaginer. Et je crois qu’on a un gros choix de gouvernance Ă faire lĂ dessus: verrouillĂ© / monde Ă notre image / ou alors une gouvernance qui permet au monde d’aller ailleurs, et qui n’a pas besoin d’attendre que nous on Ă©volue pour que lui Ă©volue. OĂč l’on renforce l’autonomie du monde.
Si vous pensez que vous n’avez pas le temps, alors ne partagez que ce que vous avez de plus prĂ©cieux. Mais s’il vous plaĂźt: partagez le sous une licence libre.
Choisir une licence creative commons: en image et liens

- le générateur de licence creative commons
- le trĂšs bon article de framasoft sur “Pourquoi privilĂ©gier la licence creative commons BY dans l’Ă©ducation“
- et aux vigies? Tout est Ă minima sous licence CC-BY-SA. Voir par exemple une page comme “Les ambassadeurs du ZĂ©ro Mail Inutile“.